KANSAI YAMAMOTO
Décédé le 28 juillet 2020, Kansai Yamamoto est probablement l’un des créateurs les plus flamboyants de son temps et son impact est indéniable. Il est animé par une philosophie: le basara. Ce terme japonais fait référence à une liberté colorée et éclectique, audacieuse et luxuriante, aux antipodes du wabi-sabi. Sa vision joyeuse et exubérante de la mode se heurte à la rigueur intellectuelle et à l’abstraction de ses contemporains Issey Miyake, Yohji Yamamoto et Rei Kawakubo. Il a été le premier japonais à défiler à Londres, en 1971, un précurseur du rayonnement de la mode japonaise, réinventant le kimono, définissant un vestiaire extravagant, plein de références à la culture japonaise, comme le théâtre Kabuki. Il s'est inspiré de l'artisanat traditionnel (tressage décoratif notamment), a souvent expérimenté les plis et les torsions pour donner vie à ses silhouettes inhabituelles. Admiré par l'ensemble du «milieu» et les artistes, il a animé des « super-shows », qui combinaient mode, musique, danse et accueillaient parfois plus de 100 000 spectateurs. Il a partagé sa passion pour le spectacle avec David Bowie, qu’il a habillé pendant de longues années sur ses shows. « Je pense que David a senti que l'énergie de mes créations contribuait à sa propre énergie », a-t-il dit. Beaucoup se sont inspirés de son travail, à commencer par Nicolas Ghesquiere pour Louis Vuitton, qui a collaboré avec lui en 2018 pour orner ses créations de visages de yakko, du théâtre japonais. Rick Owens rendu un hommage ouvert à Kansai l’an dernier sur la FW 2020, notamment avec une combi rayée à une jambe avec des épaules anguleuses, qui était clairement un clin d’œil à la combi « Tokyo Pop » de Kansai. Alessandro Michele (Gucci) aussi, avec des motifs et des imprimés de visages audacieux, caractéristiques des œuvres de Kansai.